- Irlande
26/09/1927 - 10/06/2018
De Rusheens peut-il sortir quelque chose de bon ? Notre regrettée Sœur Fanchea, dans la santé comme dans la maladie, a toujours été attentive à ce qui se passait dans son lieu de naissance. Rien qu’à entendre le mot ‘Rusheens’, un sourire éclairait son visage, l’esprit s’éveillait et elle avait le don de la parole. Ne chérissons-nous pas tous notre pays natal ?
Sœur Fanchea (Mary Josephine Kearns) était née dans une communauté rurale le 26 septembre 1927. À Rusheens, ses parents géraient une ferme. Fanchea faisait partie d’une fratrie de six, trois garçons et trois filles. Elle fréquenta l’école nationale locale et termina ensuite ses études secondaires dans notre école à Carrick-on-Shannon. Elle entra au noviciat à la fin de septembre 1946 et fit sa profession en 1948. Sœur Fanchea obtint une licence ès lettres auprès de l’University College de Dublin et un diplôme d’enseignement, qui lui permit de se lancer dans ce ministère auprès des élèves de nos écoles secondaires.
Dans les années 1940, l’enseignement secondaire gratuit n’existait pas. Les parents de Sr Fanchea, comme beaucoup de parents de l’époque, estimaient qu’une bonne éducation était importante pour le bien-être futur de leurs enfants. Les enseignants intéressés renonçaient souvent à leur congé scolaire du samedi pour donner des cours supplémentaires à des élèves prometteurs et leur permettre ainsi de concourir pour des bourses d’études dans des pensionnats. Sœur Fanchea était une élève prometteuse ! Elle s’amusait souvent à raconter que deux garçons, camarades de classe, profitaient eux aussi de ces cours. Sœur Fanchea est devenue sœur mariste, alors que ses deux camarades sont devenus deux frères maristes : Frère Declan Duffy et Frère Bonaventure Frain. N’était-ce pas là une vraie Famille Mariste ! Ces deux frères étaient bien connus et très estimés dans le milieu de l’éducation. Frère Bonaventure est toujours en vie.
Sœur Fanchea était une excellente professeure de français, d’irlandais, de mathématiques et de géographie. Celles d’entre nous qui ont vécu côte à côte en communauté avec Sœur Fanchea, gardent des souvenirs formidables de son enseignement. Son travail en classe était toujours méticuleusement préparé. Elle était juste, compatissante et impartiale dans ses rapports avec les élèves. En ce qui concerne l’évolution ou la mise à jour des matières, Sr Fanchea aurait été l’une des pionnières « de la première heure » quant à l’introduction de la technologie dans la salle de classe.
Nous nous souvenons tous de l’ancien modèle de magnétophone encombrant qui, à l’époque, était considéré comme moderne et qui était transporté d’une classe à l’autre en traversant la cour d’école. Les élèves se battaient pour aider à porter cet appareil, qui est fini depuis bien longtemps dans une décharge ou au musée de l’école ! C’était le bon vieux temps, mes amies !
Sœur Fanchea prit sa retraite de l’enseignement en 1993 et entreprit de visiter la maison de soins locale et de faire un peu de travail pastoral ici dans la paroisse de Tubbercurry. Elle croyait que le ‘ministère ambulant’ était pour elle une occasion de dire ‘bonjour’ à ses amis et voisins.
Au début de l’année 2016, Sœur Fanchea a passé quelques courts séjours à l’hôpital. Un diagnostic précoce a montré une progression de la maladie d’Alzheimer. Sœur Fanchea a été admise à la maison de soins infirmiers St. Attracta’s à Charlestown pour sa sécurité et son bien-être. S’y installer n’a pas été compliqué, ni pour sa communauté, ni pour elle-même, car la propriétaire de la maison de soins était une de ses anciennes élèves de notre école secondaire à Charlestown. Sœur Fanchea était convaincue qu’elle était dans sa propre communauté. En fait, elle s’était tellement bien installée que si elle jouait au bingo ou faisait de la gymnastique et qu’on on lui rendait visite, elle le vivait comme une intrusion dans sa vie privée ! Comme dans la vie, elle préférait se mettre au travail et à la tâche.
Après un séjour de deux ans, de façon soudaine et inattendue, un dimanche matin, le 10 juin 2018, le soir de la vie est arrivé et Sœur Fanchea a fait retour à la maison du Père qu’elle avait servi avec tant de diligence.
Fanchea, tu es notre nouvel intercesseur mariste au Ciel.
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